Secret Garden est mon gros coup de coeur drama 2011 ! J’en oublierais presque HanaDan et Boys Over Flowers réunis. Ce drama est de ceux qui vous feront apprendre le coréen de manière accélérée, en visionnant les 20 épisodes en un week-end. Décortiquons ce drama phénomène qui a conquis toute l’Asie …
Secret Garden (2010)
Le résumé du drama
Gil Ra Im travaille comme cascadeuse-doublure et experte en arts du combat. Humble, rayonnante, prévenante, c’est une femme de 30 ans qui parait forte et énergique mais est en fait très sensible et fragile depuis la mort de son père 13 ans auparavant. Malgré sa gentillesse, elle est jalousée pour sa beauté naturelle, son talent et son application au travail.
Kim Ju Woon est PDG du centre commercial LOEL appartenant au groupe de son grand-père. Riche, intelligent, séduisant, c’est un beau parti de 34 ans pour qui sa mère organise des rendez-vous arrangés régulièrement, à la vue d’un mariage avantageux pour leur famille. Cependant Ju Woon est dépensier, narcissique, manipulateur, cassant, avec sa famille comme avec ses employés.
Suite à un malentendu impliquant la réputation d’Oska, cousin caché et chanteur de K-Pop en fin de carrière, Ju Woon fait la connaissance de Ra Im. Malgré la brièveté de leur rencontre, Ra Im attise la curiosité de Ju Woon et celui-ci pense sans cesse à elle. Il se met à l’observer, à la suivre constamment et trouve toutes les excuses du monde pour la voir. Ra Im ne supporte pas l’arrogance de Ju Woon et l’évite par tous les moyens.
En parallèle, Ra Im est une fangirl amoureuse transi d’Oska, celui-ci est toujours amoureux de son ex-petite amie, Yoon Seul, une réalisatrice aisée qui veut épouser Ju Woon. Mais celui-ci ne veut pas entendre parler d’elle, surtout depuis qu’il a jeté son dévolu sur Ra Im. Il découvre qu’il n’est pas le seul, la star de la K-Pop Oska comme le Directeur de l’école de cascade Im Jong Soo apprécient beaucoup la jeune femme.
Mais les vies de Ju Woon et de Ra Im basculent du jour au lendemain après avoir bu une étrange liqueur : leurs esprits se retrouvent intervertis et l’un se retrouve dans le corps de l’autre ! Leurs vies s’en retrouvent temporairement bouleversées, ce qui ne facilitent pas les choses dans leurs quotidiens tant privés que professionnels …
Premier avis
La première partie, soit les cinq premiers épisodes, est ma préférée, à la fois intense et hilarante : Kim Ju Woon, par son côté excessif, richard et sans gêne, rappelle indubitablement Dômyôji Tsukasa, en plus puéril ! Gil Ra Im, par son côté effacé, son courage et son volontarisme, Makino Tsukushi du manga Hana Yori Dango. Entre les deux, le clash est évident et on n’attend que ça !
Alors qu’il planifiait un mariage de raison avec la partenaire « parfaite », Ju Woon subit de plein fouet les symptômes de l’amour : il n’a de cesse de voir Ra Im partout où il va, devient curieux de sa personne, jaloux, possessif et surtout très très puéril. Nous assistons à des batailles de taquinerie, d’arguments et de coups de pied ! Et une étrange complicité naît de ces échanges.
Alors que la relation entre Tsukushi et Tsukasa évolue dans la plus grande pureté et chasteté, une certaine sensualité nait entre les deux personnages, de par des répliques ou des attitudes évocatrices. Cette attirance est exprimée de manière attendrissante, parfois à la limite du harcèlement : Ju Woon devient stagiaire et vient comme bon lui semble à l’école de cascadeurs, crie à tue-tête que Ra Im est folle de lui, trouve des excuses bidons basées sur des questions d’argent afin de la culpabiliser,… Toutes les raisons sont bonnes pour la connaitre, se rapprocher d’elle et la toucher. La séance d’abdo est restée gravée dans les mémoires <3
On ne peut que comprendre Ra Im qui fuit un enquiquineur en survêtement bleu paillettes, et qui la poursuit jusqu’à son lieu de travail ! Contrairement à la plupart des héroïnes de drama, elle fait tout pour l’éviter et ne pas le fréquenter, d’abord à cause de son caractère excessif, ensuite de la classe sociale dans laquelle il évolue.
Leur relation reste sur un statu quo, malgré la passion de Ju Woon et les sentiments naissants de Ra Im. La plupart des romances débloque ce genre de situation par une pirouette scénaristique ou sentimentale. Apportant du renouveau, vient ainsi la deuxième partie, celle de l’échange (épisodes 6 à 13) : Ra Im et Ju Woon se perdent dans une forêt sur l’île de Jeju et se réfugient dans un restaurant étrange nommé « Secret Garden ». L’étrange propriétaire leur donne de la liqueur fleurie faite maison. Se faisant la tête, nos deux protagonistes vont finir leur soirée à boire cette liqueur chacun de leur côté. Le lendemain matin, Ra Im se retrouve dans le corps de Ju Woon, partageant son lit avec Oska, et Ju Woon dans le corps de Ra Im, dormant au milieu d’inconnues d’un bain public ! Pour un drama au raisonnement terre à terre, cet élément perturbateur est tout à fait inattendu !
Petite analyse des premières parties
Le body swap permet de faire avancer l’intrigue et de faire évoluer les sentiments des protagonistes à un autre stade. Pourquoi ce drama a-t-il eu plus de succès ? Car en plus d’amener d’autres éléments perturbateurs, ce body swap apporte beaucoup d’humour et de complicité dans ce k-drama. Comme le manga et drama Boku to Kanojo no XXX, il y a quelques scènes amusantes sur « comment ne pas mater le corps de l’autre », comment ne pas faire de boulettes quand on est l’autre ! Ou des scènes de quiproquo, par exemple des vêtements de Ra Im chez Ju Woon, ou des réflexions sur les habitudes très personnelles de chacun. D’ailleurs Ju Woon en profite surtout pour complimenter sa beaugossitude, embrouiller l’esprit de ses rivaux (pauvre directeur Im !), etc …
Les scènes du quotidien, la connaissance des habitudes de l’autre, de ses convictions, construisent et crédibilisent leur relation amoureuse.
Une mention spéciale pour les acteurs Hyun Bin et Ha Ji Won qui ont su très bien jouer alternativement leurs personnages, et même des versions plus jeunes et plus âgées ! Hyun Bin est hilarant en Ra Him répondant au téléphone 🙂
Cependant le drama est très contrasté : d’un côté des dialogues pleins de panache et d’humour, de l’autre des scènes dramatiques à la charge émotionnelle maximum.
En reprenant l’intrigue depuis le début, Secret Garden est plus adulte et abouti : Ju Woon, à la personnalité éclatante, occupe un poste à responsabilité qu’il gère avec brio, compte plusieurs conquêtes à son actif, poursuit Ra Im en ayant recourt à sa tête plutôt qu’à la violence, rationalise en la considérant comme une simple obsession passagère. Il lui propose même d’être la « Petite Sirène », qu’il surnomme la première maitresse du monde. Mais Ra Im, à la personnalité discrète voire effacée hors caméra, le voit venir de loin, a conscience de leurs différences sociales et des contraintes à venir. Elle le repousse sans arrêt, s’investit sans difficulté dans le travail, n’a besoin que de sa bulle Oska et de son amie Ah Young pour être heureuse. Alors que Tsukushi tombe rapidement amoureuse de Tsukasa, Ra Im reste maîtresse d’elle-même et nous fait douter en montrant un visage hostile mais rationnel envers Ju Woon pendant une bonne partie du drama. Et même si Ju Woon est dingue de Ra Im, il n’en oublie pas son statut social et n’hésite pas à la rappeler à l’ordre, à la critiquer et à la blesser, renforçant le côté dur mais réaliste du personnage. Au début de la série, l’ennemi n’est pas l’entourage mais les personnages eux-mêmes : des adultes actifs et trentenaires enfermés dans leurs préjugés, dont ils auront beaucoup de mal à se débarrasser.
C’est là que la liqueur fleurie et l’échange de corps Ju Woon et Ra Im prennent leur intérêt : ils comprennent ce que l’un et l’autre vit, cassant un à un les préjugés. La vie solitaire de Ju Woon est due à sa richesse et sa position qui l’ont rendu impatient, méfiant, calculateur et constamment sur ses gardes. Ra Im s’excuse excessivement car elle n’est pas en position de prendre les gens de haut et sa pauvreté l’a rendue humble. Ju Woon ne vient pas souvent travailler et cache tant bien que mal une phobie. Et ainsi de suite …
Ils retrouvent et reperdent la possession de leur corps et cette petite alternance transforment les liens entre Ju Woon et Ra Im comme leurs relations avec leur entourage.
Les autres intrigues et la fin du drama
Les histoires secondaires sont toutes aussi comiques, intéressantes et émouvantes à suivre : le passé douloureux d’Oska et Yoon Seul, les conflits au sein de la famille de Ju Woon, la lutte d’Oska pour être rester une star adulée, le jeune artiste Han Tae Seon en mal de reconnaissance et d’amour, le timide Kim Sung Woo tentant d’impressionner la belle Ah Young, le Directeur et oncle par alliance Park Bong Ho cherchant à faire tomber Ju Woon de son poste de PDG, … Il se passe sans cesse quelque chose dans Secret Garden et chaque relation est détaillée et sympathique à suivre, sans qu’on se sente frustré de ne pas suivre l’histoire principale !
Je n’en dirais pas plus sur les dernières parties, qui rappellent dans les grandes lignes Hana Yori Dango et qui restent donc conventionnelles dans le déroulement. Ce qui était un peu dommage, avant qu’un évènement important impliquant l’échange vous fera sortir des paquets de kleenex T_T
Cependant ces parties sont intéressantes et émouvantes à visionner car le culot légendaire de Ju Woon et la volonté inébranlable de Ra Im vont être mis à mal … jusqu’où pourront-ils aller ?
L’épilogue est aussi dans les annales du fan de K-drama, frustré par la fin bâclée d’Hana Yori Dango !
Beaucoup reproche à la toute dernière scène de casser le romantisme et la magie du drama. Je trouve plutôt qu’elle le clôt magnifiquement, que « la boucle est blouclée ». Elle donne aussi de la crédibilité en créant un lien inconscient entre deux êtres de milieux sociaux opposés.
Quelques (petits) points négatifs
Malheureusement quelques points négatifs entachent un drama qui aurait pu atteindre la perfection. D’abord la lenteur : on ne compte pas les longs travelings, les ralentis, les scènes de contemplation, les scènes réutilisées maintes fois ! Un montage plus dynamique nous aurait fait gagner 30% de temps de visionnage ! Le problème est que certaines scènes en deviendraient presque ridicules. Ensuite la photographie et les prises de vue vers la fin du drama, qui laissent un peu à désirer ! On a l’impression que les personnages ne font quasiment que du face à face, l’ambiance est parfois trop tendue et l’émotion est moins bien transmise. De plus les échanges aussi sont moins bien écrits : par exemple les pics de Ju Woon sont limites machistes et n’ont pas ce subtil mélange de taquinerie et d’effronterie, Ra Im qui passe les trois quarts de l’épisode à pleurer le poing sur la bouche, ou encore des raisonnements un peu tordus de la mère de Ju Woon. Enfin, l’OST qui est sympathique mais parfois mal employée, ajoutant du comique ou du larmoyant de manière superflue ou déplacée.
En conclusion : un drama à tester absolument !
Malgré les quelques points négatifs, Secret Garden vaut la peine de s’y investir : ce drama explore magnifiquement des relations quasi-fusionnelles à travers le prisme des contes de fées et d’un amour passionnel. A l’opposé de Coffee Prince adulte aux airs enfantins, Secret Garden est un drama où la magie et l’irrationalité font naitre des sentiments tout aussi réels !
En complément : une review qui m’a bien plu, en apportant plus de détails sur les persos et leurs relations : http://asiatic–island–drama.skyrock.com/2970702339-Secret-Garden.html
Comment voir : le drama compte 20 épisodes d’1h. Depuis début décembre, la série en VOSTFR est diffusée tous les dimanches à 20h30, rediffusée les mardi suivant à 21h00 et samedi suivant à 11h00. Secret Garden ainsi que City Hunter sont visibles en streaming sur le site de GONG. Nous en sommes qu’au tout début, avant le premier échange.
Toujours pour les plus pressées, la série est disponible légalement sur le site DramaPassion et en coffret DVD VOSTA de Ya Entertainment chez PlanetAxel.
Bonjour, merci pour votre analyse très interessante!
A mon sens, il s’agit d’une superbe étude du syndrome de Stockholm. Plus subtile et précise encore que 50 nuances de Grey. J’ai beaucoup aimé!
Autant Hana Dan était clairement dans le syndrome de Stockholm, autant Secret Garden a évité cet écueil en les séparant assez rapidement avant l’échange. Même si Ra Im a failli céder … les scénaristes ont tendu quand-même la perche aux fans de ce genre de trope ! Ravie que l’article t’ait plu !