Utena ~ La Fillette Révolutionnaire

Utena : un hymne dédié aux femmes

Dans sa jeunesse, Utena, malheureuse, rejette ce monde où ses parents moururent. Apparaît soudainement un jeune garçon, un « prince » embaumé de parfum de roses, qui la réconforta en lui demandant de ne pas perdre courage et de rester belle et digne. Utena, frappée par tant de justesse et de noblesse, tomba amoureuse de lui, et décida une fois son prince parti, de le retrouver. Dès lors, elle décida de devenir un prince et d’aider comme lui les personnes en détresse.

Utena-AnthyUtena fait la connaissance d’Anthy lorsqu’elle participe au 1er duel : sachant que Saionji, non seulement avait humilié son amie Wakaba, et maltraitait Anthy, Utena le vainc, remportant ainsi la « Fiancée de la Rose », Anthy. Voulant fuir cette responsabilité ainsi que l’étrange « Conseil des élèves », Utena veut perdre son 2nd duel avec Saionji, cependant elle ne peut laisser Anthy entre les mains de Saionji et finit par le vaincre encore une fois. Depuis, Anthy s’est installée avec Utena dans une bâtisse isolée de l’Académie, faisant l’expérience d’une amitié imposée. Utena reflète l’image de la femme moderne : belle, forte, dynamique, pleine de belles idées et de morale. Anthy est son antithèse : belle et serviable, certes, mais faible, se laissant dominée, sans état d’âme, sans amour-propre ; elle est l’image de la femme traditionnelle bafouée jusqu’au plus bas niveau. A elles deux, elles forment les deux visages de la femme, deux visages qui se côtoient et qui s’opposent. Auprès d’Utena, Anthy trouve une place plus que privilégiée : là où Saionji les envahissait de son ego, Utena laisse Anthy libre d’exister. Pourtant elle n’y fera rien, lorsque Tôga vainc Utena et qu’il gagne Anthy, celle-ci le suit sans sourciller presque dans un geste de mépris. Utena ne le supporte pas et elle se rend compte qu’Anthy, malgré elle, malgré son comportement, a pris une grande place dans son cœur. Elle bat Tôga et la récupère. Sans rien faire, Anthy s’est fait aimer, et cette idée la troublera.

Anthy a un frère, Akio, qui est fiancé à la belle Kanae, la fille du directeur de l’Académie. Akio a tout pour séduire : beau, intelligent et mâture, il sait s’y prendre avec son entourage. Utena en fait les frais puisqu’elle en tombe amoureuse, en dépit du souvenir de son prince. Cependant, tout ne tourne pas rond dans on monde, puisqu’il entretient une relation incestueuse avec sa sœur Anthy et qu’il semble se moquer de Dios l’esprit du château suspendu au-dessus de l’aire du duel, le « dieu » qui donne la victoire à utena à chacun de ses combats.

AJUtena2Au contact d’Utena, Anthy est de plus en plus réticente à se laisser aller avec Akio, au grand dam de celui-ci qui décide de séduire Utena pour mieux l’en détourner et la manipuler, convaincu qu’elle puisse obtenir le pouvoir de révolutionner le monde et de le lui céder par amour. Anthy participe, impassible, au drame qui se joue car son sacrifice et celui d’Utena permettra très probablement à Akio de révolutionner le monde et de le changer … car depuis son enfance, Anthy vit un enfer. Dans sa jeunesse, Akio était un jeune prince, Dios, qui sauvait toutes les femmes en détresse. A un tel point qu’il faillit en mourir. Anthy, désespérée, décide de l’en détacher, de le détacher de ce monde : elle le séduit, lui corrompant l’âme, et le garde ainsi près d’elle. Mais elle s’attire derechef la foudre de la population qui perd ainsi leur prince si utile et si serviable. Anthy est transpercée de toute part, la rancœur de la population la fait réellement souffrir. Une souffrance à laquelle s’ajoute la transformation de son frère, qui s’est dissocié en deux entités : Dios tel que l’on connaît, l’être pur qui s’enferme dans le château illusoire se protégeant du monde et de sa sœur, et Akio, un être terre à terre, séducteur et sans scrupule.

Conscient de son importance et de son pouvoir sur les autres, Akio n’a jamais hésité à se jouer des autres, à les manipuler pour arriver à ses fins. N’est-ce pas lui les « Confins du monde », celui qui organise les duels ? Celui qui pousse à bout tous ceux qui n’osent assouvir leur désir ? Ce plus bel exemple de l’homme ambitieux sacrifie sa seur dès que l’occasion se présente, Anthy étant l’emblème de la femme ménagère et soumise qui encaisse toutes les critiques, toutes les pressions, tous les ressentiments à la place de son homme. Anthy se laisse faire et pourtant elle a ouvert plusieurs fois les yeux grâce à Utena : sa loyauté, son amitié, son affection la touche au plus profond d’elle-même, et elle tente de mettre fin à ses jours lorsque son amie découvre la relation incestueuse avec l’homme dont elle est amoureuse. Au-delà de l’absurdité et de la trahison, Utena la sauve in-extremis, et elles se confessent : Utena se prenait pour un prince mais elle ne l’est pas, étant une fille elle en reconnaît les faiblesse ; Anthy est une femme soumise non parce qu’elle est martyre mais parce qu’elle l’a choisi, en dépit d’elle-même et surtout au dépit se son amitié pour Utena. Celle-ci décide de surmonter les faiblesses de sa condition et d’affronter la réalité avec Anthy, dans un affrontement ultime, le duel « Révolution ».

Ohtori-Utena-AnthyCela ne se passe pas sans mal, Akio étant leur adversaire, celui-ci les malmenant tout à tour malgré les relations qui les lient. Il tente une nouvelle fois de séduire Utena en lui promettant une vie heureuse dans le château suspendu si elle acceptait de devenir sa « fiancée » ; pourtant elle rejette sa proposition, refusant de vivre dans l’illusion du château et des contes de l’enfance, de fuir, abandonnant Anthy dans sa triste réalité. Akio lui fait alors cruellement miroiter son attitude et son hypocrisie : elle est un faux prince, une faible femme séduite par un homme déjà fiancé. Il lui montre l’égoïsme de ses sentiments, la morale feinte dans laquelle elle s’enferme, car utopique. Utena, ne supportant plus son mépris, le défie, et commence alors le duel « Révolution ».
Poussés à bout, elle par ses remarques, lui par la rage de celle-ci, seule Anthy et Dios pourrait les départager. Dios ne croit plus en la pureté d’Utena, et Anthy choisit à son tour de trahir Utena, la sentant incapable d’aller jusqu’au bout et d’obtenir le pouvoir de changer le monde. Elle la poignarde dans une quasi-indifférence et la laisse auprès d’un Dios désenchanté. Elle accepte son sort, attirant toutes les rancœurs du monde pendant que son frère tente d’obtenir le pouvoir de révolutionner le monde. Seule, abandonnée de tous, Utena se retrouve sermonnée par Dios de sa faiblesse, celui-là même qui l’avait encouragée à garder toute sa force et sa noblesse. Ulcérée, Utena, voyant Anthy souffrir injustement, se relève dans un dernier effort, et prouve alors à Dios que sa force ne réside pas dans son attitude et sa morale, mais dans sa foi et ses certitudes, intemporelles. Déterminée, elle devance Akio qui n’a pu aller jusqu’au bout et qui a lâché l’affaire devant une porte fermée sur le pouvoir tant convoité. L’abnégation d’Utena va jusqu’à des larmes pour Anthy, malgré sa douloureuse trahison, car Utena l’aime toujours et refuse de la voir souffrir plus longtemps. Une larme ouvre enfin la porte et derrière se dévoile en fait un cercueil, lequel s’ouvre sur une Anthy dans son plus simple appareil : la véritable Anthy. Celle-ci se refuse d’abord à la délivrance, craignant de l’entraîner dans son malheur ; Utena n’en a cure malgré ses propres douleurs, refusant de l’abandonner dans la solitude et la souffrance : elle restera solidaire jusqu’au bout. Soudainement autour d’elles tout s’écroule : le château des illusions, l’aire du duel. Anthy tombe dans le vide, entraînée par son cercueil, Utena n’ayant pu la rattraper. Celle-ci ressent toute l’étendue de son échec et pleure son amie disparue ; c ‘est alors que le flot de rancœur et de ressentiment s’attaque à elle et elle finit par disparaître de l’Académie.

AJUtenaAnthyGrâce à Utena, Anthy a pu entrevoir la véritable amitié qui les liait, un amour et une dévotion sans limite, une force que seules les femmes sont capables de déployer, et que les hommes ne peuvent imiter (ne dit-on pas que les hommes sont plus nombreux à se suicider, que les femmes souvent les consolent et non l’inverse ?).

Anthy renie alors Dios et ses illusions désuètes, Akio et son machisme égoïste et navrant, abandonne ses lunettes, l’Académie Ohtori, lieu de frasques et de frustrations des adolescents, et part avec son seul ami Chuchu : enfin, la femme soumise s’est délivrée et s’en va explorer une nouvelle vie, à la recherche de sa chère amie Utena.

Utena, la fillette révolutionnaire, nous conte l’histoire d’une petite fille pure devenue adulte, capable de changer le monde, car ayant échappé à la mort lente de ses idéaux, elle a dû malgré elle les affronter violemment face à l’apocalypse qu’est l’adolescence et mettre à rude épreuve ce qui lui restait : sa foi et sa détermination.

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